Multistrada dynasty

Première génération

2003 marque le début de la dynastie des Multistrada. Avec un nouveau souffle, Ducati a longtemps été associé au concept d'attitude sportive extrême. La 916 et le Monster sont devenus des icônes, tandis que les motos Supersport sont destinées aux puristes. Mais l'entreprise se rend compte que si les motos sportives satisfont les amateurs invétérés, l'avenir qui se dessine nécessitera des modèles plus polyvalents, adaptés à un usage sportif mais aussi touristique, éventuellement chargés de bagages. Le tout sans perdre l'esprit Ducati. 

Avec sa roue avant de 17 pouces (les autres crossovers de l'époque avaient une solution de 18 pouces), la Multistrada nouvellement créée promet des entrées en courbe de type supermotard et des performances de type sportif. Crossover oui, mais avec une âme Ducati et tous les bons éléments, y compris le cadre en treillis, le bras oscillant unilatéral, le moteur Desmodue de 1100 cm3 refroidi par air et un embrayage à sec. Et un poids record de seulement 195 kg. La configuration de l'avant semble mettre l'accent sur la vitesse d'entrée dans les virages.

Est-ce une Ducati ? Sans aucun doute, car le moteur et le cadre en treillis ne mentent jamais, mais la Multistrada est quelque chose de jamais vu auparavant. Une moto qui commence à tracer une voie innovante, gagnant en volume mais ne perdant rien de son élégance. Un exemple est le réservoir, produit en une seule pièce qui se termine sous la selle du pilote, une solution que les Superbikes et les GP de l'époque commencent à adopter, mais qui n'a jamais été vue sur une moto de ce segment. Et puis, il y a le design unique, si différent que le premier prototype a un style vraiment séduisant.

Deuxième génération

Nom de code "Cayenne". C'est ainsi que la Multistrada 1200 est connue en interne. Un nom qui en dit long sur la différence entre ce projet, dans l'esprit de ceux qui y travaillent, et tout ce que Ducati a fait jusqu'à présent. La moto la plus symbolique de l'histoire de la Multistrada et celle qui, au moins jusqu'à l'arrivée de la V4, représentera le véritable tournant. Non seulement pour la famille, mais aussi pour la marque dans son ensemble, qui passe de la simple fabrication de motos sportives à quelque chose de plus, prouvant qu'elle peut se diversifier et se tourner vers l'avenir.

La Multistrada 1200 ne se contente pas de chasser les maxi enduros mais les dépasse, allant jusqu'à créer un nouveau segment et obligeant la concurrence à élargir sa vision. Une moto folle, du moins sur le papier, avec un niveau de technologie et de performance jamais atteint par une moto de ce type. Les responsables de Ducati ont-ils raison de penser qu'ils ont inventé la moto qui manquait au monde ?

En concevant la Multistrada 1200, le groupe de travail élargit sa vision pour conquérir un segment dans lequel le confort et l'espace à bord sont la priorité. Il est important de réduire, d'allonger, de soulever et d'augmenter les dimensions, en créant plus d'espace pour le pilote et le passager, en améliorant la protection aérodynamique et en offrant plus de possibilités de chargement des bagages.

Ducati propose la Testastretta 1198, un bicylindre sportif extrêmement performant. Mais en plus de la puissance, la Multistrada a besoin de couple et de fluidité. D'où l'idée (qui persiste encore aujourd'hui) de modifier radicalement la distribution, tout en conservant le système desmodromique. D'où la création du moteur Testastretta Evoluzione 11°, onze comme les degrés de rotation du vilebrequin pendant lesquels les soupapes d'admission et d'échappement sont ouvertes.

En lançant la Multistrada 1200, Ducati adopte l'affirmation "quatre motos en une". Une affirmation qui n'est pas loin de la vérité, car un simple clic sur le guidon de la Multistrada suffit à modifier la puissance délivrée par le moteur, la réponse de l'accélérateur et le seuil d'intervention du DTC électronique.

C'est la révolution des modes de conduite, avec quatre modes - Sport, Touring, City et Enduro - qui viennent enrichir une moto qui a fait de la polyvalence son essence même.

Troisième génération

Avec la troisième génération de Multistrada, Ducati accélère encore une fois le rythme, en se concentrant particulièrement sur la mécanique, qui est dignement représentée par le moteur. Le tout nouveau Testastretta DVT, avec ses 160 CV et 136 Nm de couple, est équipé du double calage variable. Les soupapes d'admission et d'échappement peuvent varier le calage, ce qui constitue une première absolue, la Multistrada plaçant encore une fois la barre technologique plus haut.

La nouvelle Multistrada se distingue également par sa technologie embarquée, qui atteint de nouveaux sommets avec l'arrivée de l'électronique la plus avant-gardiste que l'on puisse trouver sur une moto à l'heure actuelle.

Un rôle essentiel est joué par le "grand frère", qui surveille l'ensemble du système, géré par différentes unités de contrôle. C'est ce qu'on appelle l'IMU (Inertial Measurement Unit).

Cela passe presque inaperçu, car le projet de la Multistrada 1260 n'est pas aussi révolutionnaire que celui de la précédente 1200, ou du V4 suivant. Pourtant, en réalité, et bien qu'elle hérite techniquement de la configuration de la 1200, la 1260 peut être considérée comme une toute nouvelle moto.

Une fois encore, l'évolution de la Multistrada s'articule autour de l'arrivée d'un nouveau moteur, une version actualisée du Testastretta 11° DVT de 1262 cm3 qui équipe la Diavel. Un moteur qui s'inscrit parfaitement dans la philosophie de la Multistrada, en garantissant à la fois des performances de premier ordre, mais aussi une facilité d'utilisation et une conduite agréable.

La Multistrada 950 n'est pas simplement une version réduite de la 1200, mais une moto qui trace sa propre voie, en offrant une combinaison de solutions techniques inédites et, surtout, un niveau d'équipement qui se distingue dans le segment.

Quatrième génération

"Est-ce qu'on l'appelle encore Multistrada ?" C'est le doute, légitime, que soulèvent les designers Ducati à l'aube du projet Multistrada V4. Car tout comme la moto de 2010, la Multistrada V4 change de paradigme, révolutionne le concept, renverse la donne. Et, bien sûr, elle continue de placer la barre très haut en matière de technologie, obligeant les autres à suivre le mouvement.

Comme pour chaque Ducati, le moteur est au centre des changements, qui sont dans ce cas importants, non seulement en termes de cadre adopté mais aussi de solutions techniques.

Dérivé du Desmosedici Stradale, qui a conquis les cœurs et les esprits sur la Panigale et le Streetfighter, le V4 Granturismo exploite cette attitude sportive et la combine avec des caractéristiques techniques qui soulignent la polyvalence et la facilité d'utilisation dans toutes les conditions.

Synthèse parfaite de près de vingt ans de développement, la Multistrada V4 apporte une révolution technique dont le moteur V4 Granturismo, ultra-compact et léger, est sans aucun doute la cheville ouvrière. À cela s'ajoutent l'électronique avec radar avant et arrière, le châssis avec cadre monocoque et la roue avant de 19 pouces, pour un design encore plus orienté vers la fonction.

En 2010, le pilote américain Greg Tracy conduit ce qui est essentiellement une Multistrada de production à la victoire dans la course de côte de Pikes Peak, la célèbre ascension chronométrée qui a lieu chaque année sur les pentes des Montagnes Rocheuses. L'année suivante, Ducati décide de participer à la course à titre officiel et crée une version spéciale de la Multistrada, la plus sportive et la plus riche en adrénaline de toutes.

Avec la V4, la Multistrada Pikes Peak se surpasse. Il ne s'agit plus d'une simple "version" de la Multistrada, enrichie en termes d'équipement et dotée d'un look plus sportif, mais d'un modèle à part entière qui part de la même plateforme mais diffère en termes de diamètre de la roue avant, de section des pneus, de suspension, de bras oscillant et même d'électronique.